06 mars 2011

Les Gambier-Mars 2011

La Polynésie française se compose de 5 archipels:
- L’archipel de la Société( Tahiti, Moorea, Bora Bora….)
- L’archipel des Tuamotu (Rangiroa, Fakarava…)
- L’archipel des Marquises ( Hiva Oa, Nuku Hiva….)
- L’archipel des Australes que nous avons visité il y a peu
- et enfin l’archipel des Gambier



Survol des Gambier

Les Gambier c’est un demi atoll avec une frange de récifs et de motu et une ouverture sur l’océan rafraîchissant (un peu) l’eau de mer. C’est un minuscule archipel à 1700km de Papeete qui compte un millier d’habitants, qui aurait pu être notre première escale en Polynésie si nous n’avions pas choisi la route la plus directe vers les Marquises. Dans le cas d’une arrivée en voilier , la passe de l’ouest est très bien balisée et les méandres entre les pâtés de corail sont indiqués par des bouées jusqu’à Rikitea.
Le salon du tourisme à Papeete qui se tient 2 fois par an, nous offre l’occasion de visiter cet archipel en avion avec une réduction de 60%. Alors pourquoi hésiter?



arrivée sur l'aéroport



Mangareva ou « montagne recouverte de reva »arbre qui donnerait des fleurs toxiques sera l’île où nous séjournerons et plus exactement au village de Rikitea après avoir atterris sur l’îlot voisin Totegegie. Et là déjà les couleurs sont extraordinaires, le lagon nous offre des dégradés de bleus et de verts incroyables….


La baie de Rikitea

 



Très vite nous apprenons que cet archipel du bout du monde est très différent des autres archipels: tout d’abord politiquement , deux Présidents du Territoire de la Polynésie Française sont mangaréviens (Francis Sanford et Gaston Flosse) qui ont permis entre autres de bénéficier de la manne des subventions découlant des expérimentations nucléaires de Mururoa (Rikitea était une base arrière lors des essais avec un abri antiatomique détruit récemment); ensuite économiquement l’archipel ne connait pas le chômage, les fermes perlières ont un gros besoin de main d’œuvre et embauchent régulièrement d’autres îliens; enfin la présence de Robert Wan magnat de la perle installé ici et marié à la fille de l’ancien président Francis Sanford a permis le développement de la perliculture.



Bianca de la pension Bianca et Benoît nous accueille et nous fait découvrir son village: la mairie, la gendarmerie, l’école, la tour de guet, la cathédrale en rénovation, les ruelles bordées de litchis, de papayes, de manguiers….



La tour de Guet




Ici tout semble calme, tranquille et simple…..




Nous découvrirons le tombeau de Maputeoa, dernier roi de l’île converti au catholicisme sous la pression du père Laval….en effet l’histoire des Gambier est étroitement lié à l’arrivée du père Laval et du père Caret en 1834 imposant une quasi « théocratie » en prenant une importance énorme dans la vie des habitants (certains guides écrivent même qu’ils étaient les maîtres de l’archipel)….Ce qui est sur, c’est que l’ensemble des habitants s’est converti au catholicisme et a travaillé dur à la construction des édifices religieux nombreux dans les îles et à la construction de la cathédrale. A la même époque la population connut un dépeuplement rapide: 5000 à 6000 personnes sont mortes (travail trop dur imposé par Laval? Épidémies diverses importés par les européens?…) mais en 1871 l’archipel ne comptait plus que 463 habitants et sous l’hostilité croissante des villageois Laval dut s’exiler à Tahiti.





La chapelle et le tombeau du dernier roi






Le bungalow que Bianca nous attribuera est entouré d’arbres fruitiers: pamplemousses mangues à profusion… et fleuri d’hibiscus géants, de tiaré…avec une vue superbe sur la baie de Rikitea, les quelques voiliers de passage et le bateau qui assure hebdomadairement la navette vers l'ile de Pitcairn où s'étaient réfugiés les révoltés du Bounty, et les fermes perlières….




 

Mais c’est avec Sandrine de la pension Jojo, son tané Vaitera leurs enfants et Corinne que nous visiterons les autres îles de l’archipel, pique niquerons sur une plage idyllique passant ainsi une journée riche en découvertes, détentes et plaisirs….


Heiva et sa jolie petite soeur



Sandrine et Vaitera




Corinne avec qui nous partagerons ce séjour



Sur l’île de Aukena, où aurait débarqué le père Laval nous découvrons les ruines d’un four à pain, d’un four à chaux et d’un ancien séminaire au milieu de la forêt témoignant ainsi du nombre important d’habitants sur cette petite île où se dresse la tour de guet dans le prolongement de celle de Rikitea rare vestige de l’époque du dernier roi….


La tour de Guet du côté opposé à Rikitea




Le four à pain



Les ruines du séminaire


Notre pilote Emmanuel jettera l’ancre( en fait une grosse pierre) et avec Vaitera ils se mettront à l’eau avec un filet et à la mode polynésienne ils pêcheront une quinzaine de beaux poissons…


Le filet est tendu dans une poissonneuse et en frappant l'eau les possons affolés se prennent dans les mailles du filet










Il sera alors l’heure de la baignade et du pique nique sur une plage splendide au sable très fin, entre deux îlots, un endroit ressemblant à une somptueuse piscine prisée par les 6 tour du mondistes au mouillage entre l‘ile de Taravai et l‘ilot Agakanuitai….





Un dernier arrêt sur l’île Taravai, après avoir slalomé entre les « patates » de corail, et nous visiterons l’église Saint Gabriel édifiée en 1868. Cet édifice, précédé d’une belle pelouse bien entretenue, et d’un porche orné de deux cœurs fait belle impression avec sa façade blanche et bleue dans un havre de paix et de silence.









Après la baignade l'eau de coco est rafraîssante et désaltérante


Le lendemain, nos hôtes nous incitent à gravir le mont Duff (nom du bateau de James Wilson et des premiers missionnaires), point culminant à 441m, et malgré l’hésitation du capitaine nous escaladerons la pente abrupte et limite dangereuse du sommet de l’île; heureusement la rude montée(quelque fois à quatre pattes!) se fera à l’ombre de la forêt de pins. La descente vertigineuse prendra autant de temps que la montée(c’est dire!), bref 3 heures d’efforts récompensées par une vue impressionnante sur l’ensemble des îles formant les Gambier.















Bien sur, la visite d’une ferme perlière s’imposait et la curiosité de la skippette a été satisfaite.
La légende dit que le Créateur offrit à Tane, dieu de le beauté, les premiers écrins de lumière, celui-ci en fit des étoiles avant de les envoyer au dieu de l’océan, Rua Hatu, pour qu’il puisse éclairer son royaume; ainsi sont nées les perles dans la mythologie polynésienne.



La culture de la perle n’a plus de secret pour elle: lavages des nacres tous les deux mois, greffe, surgreffe( par des greffeurs chinois), récolte, tries des perles en fonction de critères très précis en catégorie A, B,C,D,E qui déterminera le prix de la perle….et elle confirme que les perles des Gambier ont les plus belles couleurs (dues en partie à la température de l’eau plus fraiche que dans les autres archipels).






Avec le concours de Sandrine, nous obtiendrons en fin d’après midi l’autorisation de visiter le chantier de rénovation de la cathédrale Saint Michel aux proportions imposantes témoignant des ambitions de père Laval. Cette cathédrale qui peut accueillir 1200 fidèles, bâtie sur le site d’un ancien centre cérémonial, dispose de deux tours jumelles de 54 m de hauteur. L’autel, le tabernacle et les boiseries sont recouverts de nacres et même de perles! Nous serons impressionnés par les commentaires du chef de chantier Philippe Plisson, morbihannais, qui travaille selon les mêmes méthodes qu’au moment de la construction, réactivant le four à chaux avec le corail pour les peintures des façades, retrouvant les peintures d’origine et les pigments naturels.

La cathédrale en restauration vue du mont Duff














Ce fut un séjour de courte durée mais intense et le capitaine promet d’y revenir faire danser Lazarina au milieu des petites lumières colorées de l‘océan…..

1 commentaire:

HNT a dit…

superbes photos, mais une petite rectification: le depart du pere laval n'est pas du a l'hostilité croissante des villageois mais a celle de l'administrateur ,des militaires , ainsi que quelques colons metropolitains confrontés a la rigueure religieuse extrème face a la liberté des moeurs.