Accueillis comme il se doit avec une couronne de fleurs locales par Yves, un breton de Rennes, qui a crée avec Hélène, une jolie polynésienne Le Manotel avec 6 farés dans un jardin d’Eden …Plus de 300 essences tropicales fleurissent la propriété et justifient déjà pour les amateurs botanistes une visite de Ruturu…
Notre faré |
Contrairement aux autres iles Australes, Rurutu attire beaucoup de touristes du monde entier entre juillet et octobre qui viennent voir les baleines à bosse donner naissance à leur baleineau et en profitent par la même occasion pour se trouver un mâle et s’accoupler dans des mers un peu moins froides que l’Antarctique….mais si la dernière baleine a été pêchée de manière artisanale en 1957, il ne faudrait pas que les touristes en mal de sensations aquatiques gênent ces grands cétacés, maintenant protégés, dans leur milieu naturel et que par leur faute cet «écotourisme» se transforme en désastre, les obligeant à migrer vers des îles plus tranquilles. Le pêcheur que nous avons rencontré au snack «Piaareare» sur le port de Morai ( l’accueil de Edwige , Gisèle, et Teiti et la nourriture y furent excellents ) nous a d’ailleurs confirmé la diminution des visites annuelles de ces cétacés ( 5 femelles et donc 5 baleineaux et 3 males seulement en 2010) mais attribue cette diminution à des chasses sauvages de pêcheurs de baleines ( malgré les conventions internationales) et aussi les inévitables conséquences des changements climatiques…
Ruturu est l’ile la plus nord de l’Archipel des Australes…Elle est très peu accueillante pour les voiliers car le récif est frangeant et il n’y a pas de réel lagon. Comme sur l’ile de Makatéa aux Tuamotu, le récif qui entourait l’ile, il y a un million d’année, s’est élevé de 100 mètres lors d’une éruption volcanique, créant de gigantesques falaises de récif, donnant à la côte de Rurutu une forme très particulière.
Le port de Morai, sur la cote Est, est ouvert à la houle qui rentre créant un clapot désagréable et son quai doit de toute façon être libéré quand arrive le cargo Tahaa Pae…
Un mouillage à Avera existe aussi sur la cote Ouest mais est dangereux si le vent vient à changer de direction…donc l’avion s’impose en général et moins d’un voilier vient par an en moyenne…
L'entrée du "port" |
Pour prendre le pouls de l’ile, mieux vaut commencer par la «star» locale Toaria Teinaore dite Mami Paré que nous avons rencontré dans un petit restaurant chinois à Moarai après notre longue marche (une heure en fait !!!…) en montagne . Elle nous livre les anecdotes de l’ile, l’isolement de Rurutu et les longues et difficiles traversées vers Tahiti sur des goélettes à voile sans moteur …à l’époque l’avion n’existait pas ici…Seule infirmière et sage femme de l’ile elle allait à cheval soigner les habitants avec les médicaments des Popa’a mais aussi avec les plantes médicinales des Anciens…Aujourd’hui, à la retraite, elle conte des histoires, est filmée à la TV et écrit des livres…Et à l’instar de Thor Heyerdhal, qui mit 101 jours pour relier le Pérou et la Polynésie sur son célèbre Kon Tiki, et aussi du navigateur Eric de Bisschop et de ses constructions de catamaran polynésien , elle est persuadée que l’ile, habitée dans un premier temps par des clans de tahitiens originaires d’Asie du Sud Est, a accueilli ensuite des Incas fuyant la colonisation des Espagnols sur leur pirogue en forme de catamaran que nous avions vue sur le Lac Titicaca…cette histoire ou légende contestée par certains scientifiques et historiens est développée dans son livre qui a reçu le Prix Spécial du Jury du 1er Salon du Livre Insulaire à Ouessant en 1999...la Bretagne récompense les auteurs de valeur…
L’autre personnage de l’ile est Yves….Il nous organise le tour de l’ile sur son 4*4; il faut en effet avoir été un baroudeur de première pour rouler sur certaines pistes de l’ile mais en plus il est inégalable pour nous parler d’archéologie, de flore et de faune…
Notre tour commence bien évidemment à la Pointe Arei avec les falaises dite de Maketa, survolées par de nombreux pailles en queue (blanche ou rouge). Après Moarai et son port la côte est bordée par de nombreuses grottes en corail qui étaient auparavant sous la mer avant que le récif soit émergé…
La grotte Mitterand |
D’abord la grotte Ana Taneupoto avec ses fossiles marins constituant la décoration des cavités mais surtout la grotte Ana Ae’O ou grotte François Mitterand !!!…
Notre ancien Président a, non seulement été le premier Président de la République Française à visiter Israel , mais a aussi été le premier Président à se rendre aux Australes et de plus à visiter Rurutu pour officialiser le financement du lancement de la route traversière qui sera construite par la légion étrangère. Ce grand évènement historique eut lieu en 1990 en présence de la quasi-totalité des habitants de Ruturu ainsi que de 300 officiels et militaires…
Un immense spectacle traditionnel avec chants et danses fut donné dans la grotte Ana Ae’O en son honneur et les chefs lui remettront l’original du Code des Lois de Rurutu, ce qui signifie que les lois françaises seront désormais appliquées ici !!!…
L’endroit est très impressionnant avec ses stalactites et stalagmites géants chargés d’intensité par les cérémonies qui s’y déroulaient…
En poursuivant notre tour sur la petite route nous voyons des maisons et des murets construits avec de la chaux de corail…
Rurutu ,comme les autres Australes possèdent de nombreux marae, dont celui royal, celui des guerriers et, celui où accouchaient les femmes princières ou royales avec des pierres « certifiées » être les autels où étaient coupés le cordon ombilical…
En attendant le cadre est magnifique, plein de mystères et somptueux face à la mer et à la superbe plage des Popa’a ….La route longe la falaise jusqu’à la baie d’Avera , avec sa magnifique tarodière en terrasse, et où les bateaux peuvent relâcher et pénétrer ensuite avec une annexe par une passe pas très facile…
Le trou du Souffleur |
La nature nous gratifie également pour notre plus grande joie de geysers au lieu dit du Trou du Souffleur près de Narui et des terres du légendaire portugais Alvès, pêcheur aux Açores ayant fondé sa famille ici avec une femme locale à côté de la grottes des pleurs où était, parait il (!!!) , dissimulé sa vraie femme chilienne , qui elle se lamentait pendant que son mari…….
Il parait que cette pierre du Marae est bénéfique! |
Puis vers Naaiaroa, nous trouverons des plages de rêve entre l’ancien récif coralien créant des petits lagons dont celui de Toataratara…
Nous reviendrons par les routes de l’intérieur bordées de plantations de toutes sortes ( café, bananes, taro, oranges, coco, vanille, piments, manioc, uru, coprah,…. ); c’est tout simple ici : tout pousse !!!…mais personne ne ramasse…Le cout de la main d’œuvre est un des plus chers du Pacifique( effets des aides métropolitaines …) et il est souvent plus rentable d’importer des citrons , fruits …. des pays étrangers, alors que tout existe en suffisance ici !!!….sortir de cette spirale économique est bien difficile en particulier pour le Ministre de l’Agriculture du Territoire qui est par ailleurs le Maire de Rurutu , qui connait donc bien le dossier avec une ile pourtant si riche ….
Et que dire de cette magnifique éolienne qui était censée faire des économies de gazole et donner une certaine autonomie énergétique aux habitants de l’ile et qui est constamment en panne!!!…
Heureusement les diverses religions prient pour que se poursuive le bien être de l’ile !!!…Les catholiques, un peu, les protestants beaucoup, adventistes, pentecôtistes, Témoins de Jéhova et même des nouveaux avec la secte du Tabernacle du Poteau qui prêche elle aussi la paix sur terre !!!…
Avec tout cela on ne peut être que bien à Rurutu !!!…
Yves continue à nous passionner sur son ile en décelant la présence de divers oiseaux migrateurs ou de Ruturu : coucou , Pluvier Fauve de Sibérie , Aigrettes blanche ou grises , frégate, et toujours nombreuses: les pailles en queue…
Enfin sa connaissance en flore ravie la skippette: le capitaine est, lui, un peu débordé d’informations sur ce domaine !!!…
Rurutu est donc une ile passionnante avec un guide comme Yves …
Les feuilles de pandanus sèchent avant d'être tressées |
Les panneaux de signalisation de l'île |
Nous poursuivrons notre découverte de l’ile en rencontrant de nouveau notre mamie Paré en compagnie de Lydia, sa fille, et d’Annie, une amie qui fut institutrice pendant 35 ans sur l’ile…ces femmes connaissent tout sur l’ile !!! De quoi écrire d’autres livres….et Annie si gentille en nous offrant son hospitalité…
Beaucoup de bonheur et de rêves sur ces 4 iles Australes, sauvegardées du tourisme de masse et qui ont su maintenir les traditions des iles polynésiennes d’antan…
Plage de rêve!!!! |